L’Organisation Mondiale de la Santé définit les maltraitances de la manière suivante : la maltraitance à enfant désigne les violences et la négligence de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité, dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. Parfois, on considère aussi comme une forme de maltraitance le fait d’exposer l’enfant au spectacle de violences entre partenaires intimes.

Quelles sont les différentes formes de maltraitance infantile ?
Il existe différentes formes de maltraitance à l’enfant :
- Maltraitance corporelle : coups, blessures, gifles, …
- Négligences de soin : malnutrition, punitions : dormir dehors, dans la cave ou sur le balcon, douche froide, mise à la porte, abandon sur le bord d’une route, …
- Violences sexuelles : viol ou tentative de viol, sévices sexuelles, participation à des actes sexuels entre adultes, photos à caractère pornographique, …
- Maltraitance psychologique : humiliations, injures, dénigrements, critiques répétées,
- Maltraitance affective : absences de câlins, d’attention, de tendresse, de réconfort, parentification, menaces du parent de se donner la mort, …
Un certain nombre de parents maltraitants souffrent de troubles psychiatriques et leur discernement est aboli. Cela peut être le cas dans le Syndrome Münchhausen Par Procuration (SMPP). Le pédiatre et psychiatre Philippe Mazet explique que cette maladie est un trouble factice par lequel une personne, généralement, la mère, provoque ou simule chez l’enfant une pathologie organique, puis fait appel au médecin avec pour conséquence de le soumettre à des traitements inutiles, voire dangereux. Dans cette maladie, le parent pervers recherche l’admiration et la reconnaissance. Tout d’abord en montrant qu’elle est un bon parent, en effectuant de multiples démarches pour son enfant, puis en manipulant le corps médical qui à son tour va maltraiter l’enfant à son insu. L’ensemble de ces différentes formes de maltraitance provoque chez l’enfant des psychotraumatismes qui auront un impact catastrophique sur son comportement actuel et à l’âge adulte.

Quelles sont les conséquences de la maltraitance infantile ?
L’adulte soumis à la maltraitances infantile sera davantage exposé à des troubles psycho comportementaux, car le stress généré par la maltraitance aura des répercussions sur :
- La santé : pathologies cardiovasculaires, cancer, suicide, …
- L’humeur : dépression, tristesse, anxiété…
- L’hygiène de vie : troubles alimentaires, tabagisme, toxicomanie, …
- Le comportement : impulsivité, violences, agressivité, TDA/H,…
- Le cerveau : atrophie corticale, dérèglement du système sympathique / parasympathique, …
- L’estime de soi : perte de confiance, repli sur soi, …
Les enfants marqués par une violence verbale, physique et des conflits, souffriront plus tard de troubles de l’attachement et/ou d’anomalies développementales : trouble du développement, troubles somatiques, etc. De plus, la maltraitance à enfant peut engendrer le pire : la mort de l’enfant !
De la maltraitance à la mort de l’enfant
En France, au sein même de leur famille, 72 enfants et des dizaines de néonaticides ont lieu chaque année. Le rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) en date de mai 2018 intitulé Mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles, indique que le nombre de décès est vraisemblablement plus important puisqu’il ne tient pas compte du « chiffre noir » que constituent les meurtres non révélés de nouveau-nés tués à la naissance et les meurtres d’enfants non repérés, principalement ceux victimes du syndrome du bébé secoué (SBS).
Le rapport de l’IGAS mentionne que les personnes impliquées sont très majoritairement les parents biologiques, les pères et mères en cause étant à égalité. Enfin, concernant le profil du parent, le rapport précise que ce sont principalement les pères qui sont responsables de la mort des nourrissons victimes du SBS. Un lien très fort entre la violence conjugale et les violences commises sur les enfants a été confirmé. Par ailleurs, les troubles psychiatriques, les addictions et la monoparentalité sont présents dans une part importante des situations de violences.
Comment agir face à la maltraitance infantile ?
L’enfant victime de maltraitance est soumis à la loi du silence. Ce dernier ne peut pas évoquer la maltraitance intrafamiliale dont il est la cible. L’enfant aura le sentiment de trahir sa famille et la peur de perdre à tout jamais leur amour. D’autres enfants auront l’intime conviction de mériter les maltraitances et de ne pas être assez dignes de recevoir l’amour des adultes. Ainsi, à l’âge adulte, certains diront “je l’ai mérité”, “je l’ai bien cherché”, ou encore “cela m’a forgé”. Cette banalisation est une manière d’apaiser la colère et la culpabilité qui rongent l’enfant qui se loge dans l’adulte.
Les enfants maltraités doivent endurer seuls les coups, les insultes et les brimades. Ils doivent user de stratégies pour survivre et alerter les adultes qu’ils rencontrent à l’extérieur de leur environnement. C’est pourquoi l’enfant maltraité s’exprime par la voie de l’acte telle que l’agressivité, l’isolement, les mouvements de colère, l’hyperactivité, la délinquance, les addictions, … Cela a pour objectif de prendre à témoin l’adulte pour qu’il agisse et le protège de son environnement chaotique dans lequel il grandit.
Les professionnels et les personnes témoins de maltraitance à enfant ont l’obligation de le signaler soit au Conseil départemental, soit au Procureur de la République. Selon les éléments recueillis, ce dernier saisit le Conseil départemental ou le Juge des Enfants pour enquêter au sein de la cellule familiale. Si les maltraitances sont avérées alors le Juge des Enfants pourra ordonner un placement ou proposer une aide éducative.
Que vous soyez une victime, un témoin ou un professionnel appelez le 119 : Allô enfance en danger. Cet appel est gratuit et peut-être composé 24h/24 et 7j/7.
Que se passe-t-il quand on appelle le 119 ?
Lorsqu’un enfant est en danger ou quand des parents sont en difficulté, voici les différentes étapes d’un appel au 119.
Comment traiter l’impact des maltraitances infantiles chez l’adulte ?
Lorsque nous sommes victimes de maltraitances c’est notre corps et l’estime de soi qui sont attaqués. C’est la raison pour laquelle l’enfant adopte des stratégies, à savoir: se blinder et/ou attaquer ! Une fois adulte, ces stratégies ne sont plus adaptées car elles mettent à distance les autres personnes. De plus, elles laissent à penser que vous êtes une personne froide et insensible. A force de se blinder, ils se mettent à pleurer et ils s’excusent de déranger si on leur propose de l’aide.
Certains adultes, et professionnels, qui ont été maltraités, sont des personnes qui peuvent à leur tour être agressives. Ils peuvent aussi maltraiter des enfants, leur conjoint ou leur collègue. Mais, un grand nombre d’adultes victimes de violences infantiles ne deviennent pas tous agressifs ou délinquants. En effet, certaines personnes transforment cette malheureuse expérience en force. Ils font un travail sur eux et/ou exercent un métier dans le domaine de l’aide à la personne, du soin ou de la justice par exemple.
L’adulte victime de maltraitance infantile a besoin de comprendre pourquoi il a été “objet de haine”. La thérapie vous aide à mettre des mots sur une période infantile où le silence était la loi. Un accompagnement thérapeutique est nécessaire pour renforcer l’estime de soi et briser un blindage devenu trop lourd à porter, et qui vous empêche aujourd’hui d’être libre. Il n’y a pas de honte à se faire aider quand on a tenté de vous faire croire que vous ne valiez pas grand chose. La honte doit être le fardeau du parent ou du professionnel maltraitant, pas le vôtre.