Quelles sont les représentations de la douleur ?
Des maladies entraînent la douleur. Que l’on souffre de polyarthrite, d’un cancer ou d’endométriose, la douleur fait partie du quotidien de la personne malade. Le mal de dos, le mal de tête, le mal de ventre sont autant de maux qui ont un impact sur notre santé mentale. Les maux peuvent nous empêcher d’effectuer des activités personnelles et/ou professionnelles car lorsqu’on a mal, le système de pensée est envahi par la douleur.
Certaines personnes, dont les sportifs, considèrent la douleur comme un marqueur d’effort et de réussite. Les marketeurs ont fait de la douleur une étape nécessaire de l’accès à la beauté : il faut souffrir pour être beau ou belle ! Dans certains groupes, l’endurance à la douleur représente un rite pour faire partie du groupe. Cela peut se produire à travers des épreuves de bizutages ou de bagarres entre bandes rivales. Par ailleurs, pour des sujets qui se sentent mal dans leur peau, la douleur vient représenter l’ultime moyen de se sentir vivant. A ce sujet, Joyce Mc. Dougall, dans son ouvrage intitulé Théâtre des corps, nous dit qu’un corps souffrant est un corps vivant ! Ce type de comportement peut se retrouver chez des personnes qui vont avoir tendance à se scarifier ou qui souffrent d’hypocondrie.
On peut penser que certains passages à l’acte douloureux peuvent être interprétés comme des appels aux soins. Des appels adressés à l’environnement proche où le sujet dit j’ai mal. Ainsi, la douleur devient un moyen de signifier quelque chose de soi à l’autre. L’expression de la douleur est un appel à l’aide. Lorsque cet appel n’est pas entendu , il arrive que cette douleur se manifeste par un dysfonctionnement corporel. Mais alors, comment peut-on définir la douleur ?

La douleur, c’est quoi ?
L’Association Internationale pour l’Etude de la Douleur définit la douleur comme une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes. Cette définition recouvre une multitude d’expériences distinctes. Il existe plusieurs types de douleurs :
- les douleurs aiguës
- les douleurs chroniques
- les douleurs liées aux soins
La douleur touche aussi bien le nouveau-né que la personne âgée. Ce sont les modalités d’expression de la douleur qui sont différentes. La douleur est un signal d’alerte indiquant à notre cerveau que quelque chose d’inhabituel se passe à l’intérieur de notre corps. Elle vient mobiliser l’ensemble de notre énergie psycho-corporelle.
Quelles sont les différentes composantes de la douleur ?
La douleur mobilise l’ensemble de nos sens. Elle est composée de plusieurs éléments :
- cognitif : ce que le cerveau perçoit
- sensoriel : ce que le corps ressent
- émotionnel : l’impact et la charge affective
- comportemental : discours et réaction face à la douleur
L’ensemble de ces composantes est pris en compte pour accompagner la personne douloureuse. Ces composantes sont identifiées et traitées. Parfois, il y a un écart entre ce que nous ressentons et ce que nous percevons. Par exemple, on peut ressentir une douleur à la jambe alors que celle-ci a été amputée : c’est la douleur fantôme.
Y a-t-il un lien entre la douleur et la peur ?
Chez la personne malade, la douleur entraîne la peur qu’elle soit toujours plus intense. Pour s’en protéger, certaines personnes vont se replier et éviter de sortir sur l’extérieur ou participer à des activités. Parfois, la peur que l’intensité de la douleur augmente va générer des comportements agressifs. C’est une modalité de défense que l’on peut retrouver auprès des personnes âgées qui résident en EHPAD. En effet, la douleur fait partie du quotidien du sujet âgé. Les douleurs peuvent être liées à un alitement chronique, à une chute, à l’arthrose, aux appareils dentaires, etc. Ainsi, pour ne pas accentuer la sensation douloureuse, par anticipation, des résidents vont se montrer agressifs physiquement et/ou verbalement.

Qu’est ce que la douleur psychologique ?
La douleur psychologique s’exprime à travers la dépression. Cette dernière a des répercussions sur notre monde affectif et entraîne des sentiments de tristesse, de désespoir et une perte de l’élan vital. La douleur psychologique survient à la suite d’un événement traumatisant lié à la perte d’un être cher, d’une rupture amoureuse ou d’un licenciement. Lorsque cette douleur psychique n’est pas traitée alors elle se dépose sur une partie du corps : c’est la solution psychosomatique. En effet, lorsque la pensée n’arrive pas à traiter les affects négatifs, le corps entre dans un fonctionnement somatique et provoque des douleurs. La douleur psychologique apparaît en l’absence de toute cause physiologique. Ainsi, l’expérience douloureuse peut relever du psychologique comme du somatique.
C’est quoi une maladie psychosomatique ?
Le psychiatre et psychanalyste Pierre Marty a développé la notion de personnalité psychosomatique. Il fait l’hypothèse qu’une personne décompense psychiquement parce qu’elle n’a pas réussi à traiter sa souffrance anxieuse. Dès lors, cette dernière s’évacue dans le corps. Il indique que les personnalités psychosomatiques sont des sujets dont le discours est pauvre et leur vie affective carencé. Cependant, ils font preuve d’une pensée pragmatique ; très “terre à terre”. La personnalité psychosomatique souffre de dépression, et c’est la raison pour laquelle elle ne trouve plus le goût de vivre.
Le milieu médical nomme les maladies psychosomatiques par les douleurs psychogènes : la douleur existe mais il n’y a pas de lésion. Les équipes de soin conseillent à la personne atteinte de douleur psychogène d’en parler avec un psychologue. Ce dernier intervient dans une démarche pluridisciplinaire : médecin, kinésithérapeute, ostéopathe, infirmier, etc. Le psychologue tente de déterminer les éléments subjectifs du patient et il l’accompagne dans son syndrome douloureux.

Comment lutter contre la douleur ?
La douleur peut baisser d’intensité si notre pensée est orientée vers d’autres occupations. Cette stratégie permet au cerveau de ne pas se focaliser uniquement sur la douleur. Lorsque nous nous retrouvons seul et que l’on s’ennuie, alors l’intensité de la douleur devient plus importante en envahissant la pensée de la personne malade. Les médecins, selon l’intensité de votre douleur, peuvent prescrire des antalgiques, des opioïdes ou de la morphine. Certains ne supportent pas les effets secondaires de ces médicaments et ils s’orientent vers des traitements homéopathiques. Il existe d’autres techniques dites non-médicamenteuses pour soulager la douleur. Nous pouvons citer l’intervention de professionnels tels que les kinésithérapeutes ou les ostéopathes. Certains préfèrent les acupuncteurs, les coupeurs de feu ou les kinésiologues. Enfin, il est important de pouvoir échanger et de discuter avec un psychologue clinicien sur le stress et l’anxiété que provoque la douleur dans notre pensée et notre corps pour apprivoiser la douleur afin de la rendre plus supportable.
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