Pourquoi est-il si difficile de rendre visite à un malade ?
Lorsqu’un proche est hospitalisé, certaines personnes ont des difficultés à lui rendre visite. A l’hôpital, certains ne supportent pas l’odeur, d’autres ont peur d’attraper des maladies ou de s’imaginer à la place de la personne visitée. Pourtant, les personnes malades ont besoin de soutien. Une présence, un mot et un regard suffisent parfois pour redonner le moral et supporter l’ambiance hospitalière : une ambiance où tous les sens sont soumis aux bruits, aux odeurs, aux manipulations corporelles, aux images et aux regards des autres. Les visites sont une pause émotionnelle dans un quotidien tourné vers le soin et où le repos reste incertain, surtout quand la douleur habite notre corps.
Visiter un malade, c’est prendre le risque de s’identifier à ce dernier. Cela génère certaines angoisses qui restent difficiles à apprivoiser. Parfois, pour lutter contre ces affects, certaines personnes vont réduire le temps de visite. Pour parler de ses peurs et de ses inquiétudes, il est important de consulter un psychologue pour accompagner dans cette épreuve. Dans une société où nous devons montrer que nous sommes toujours forts et heureux, la maladie vient nous rappeler que nous sommes des êtres fragiles. Nous avons besoin des autres pour guérir de nos maux.
Quels sont les impacts psychologiques liés à l’hospitalisation ?
L’hospitalisation est une expérience redoutée qui confronte le sujet à la fragilité de son corps. La personne se retrouve en situation de vulnérabilité et de dépendance vis-à-vis du corps médical. Cette position de dépendance peut être difficile à vivre pour ceux dont l’autonomie et l’indépendance sont des valeurs importantes. Lorsque nous nous sentons dépendants des autres, notre comportement se modifie. Nous régressons, nos attitudes deviennent enfantines et se traduisent par des plaintes, des demandes d’attention ou de réassurance. Ces comportements ont vocation à canaliser l’angoisse générée par l’hospitalisation qui nécessite de trouver un écho auprès de personnes bienveillantes.
Quand le temps le permet, le soutien des proches et du personnel soignant est important. Lorsqu’on se retrouve seul dans une chambre, sans échappatoire, nous sommes face à notre propre solitude et aux questions existentielles laissées sans réponse. Cependant, la capacité de faire face à sa solitude dépend de notre personnalité. En effet, une personne qui a des difficultés à apprivoiser sa solitude en milieu hospitalier peut développer des conduites symptomatiques. Il peut s’agir d’angoisses, de souffrance dépressive, de pensées obsédantes ou encore de troubles alimentaires. Ainsi, la seule échappatoire possible reste le retour à domicile. Mais quand cela dure trop longtemps alors l’espoir laisse la place à la résignation et au désespoir.
Quel est le rôle des équipes soignantes auprès des personnes hospitalisées ?
Les équipes soignantes assurent un rôle de soin, d’étayage et de soutien moral. Mais elles ne peuvent pas apporter l’amour d’un conjoint, d’un parent ou d’un animal de compagnie. Lorsque nous sommes loin de nos paires, nous perdons nos repères. Les équipes soignantes ont un rôle de contenant émotionnel. Elles accueillent la tristesse, la peur, la colère, la frustration et parfois la haine des patients dont elles s’occupent. Certains patients auront tendance à retourner la colère et la haine contre eux, aggravant un peu plus encore leur état de santé. Ces émotions peuvent illustrer l’insupportable vécu interne de ceux qui, à cause de la maladie, deviennent dépendants des autres. Or, une telle attitude entraîne une dégradation de l’humeur qui se traduit par le repli ou l’opposition aux soins. Enfin, certains patients agressent les équipes soignantes pour conserver, a minima, un certain contrôle sur autrui lorsque la maladie les rend vulnérable là où ils se pensaient invulnérables !
Les équipes soignantes sont formées pour accueillir et transformer les émotions négatives de leurs patients et/ou résidents. Elles savent que ces émotions ne leur sont pas destinées et qu’elles viennent signifier l’expression d’une peur chez le sujet : c’est la raison pour laquelle les équipes soignantes assurent une fonction maternante auprès des personnes hospitalisées qui peuvent avoir tendance à régresser dans leur comportement. Cet accompagnement dans la régression se prolonge jusqu’à ce que la confiance et le sentiment de sécurité interne soient retrouvés.
Quelles sont les différentes personnalités du patient ?
Au sein des hôpitaux, on peut distinguer les différentes personnalités du patient. Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive mais nous pouvons citer :
- le patient indépendant qui ne demande jamais d’aide
- le patient timide qui n’ose pas déranger le personnel.
- le patient jaloux qui considère que les autres sont mieux traités que lui
- le patient crieur qui comble le vide par ses appels incessants
- le patient séducteur qui souhaite faire alliance avec des soignants de peur d’être oublié par eux
- le patient expert qui se renseigne sur les différentes méthodes de guérison et qui n’hésite pas à critiquer celles employées à son égard
- le patient clivant qui cherche à diviser les équipes
- le patient empathique et sympathique qui n’hésite pas à questionner les soignants sur leur vie privée
- le patient psy capable de créer des tensions dans un service
- le patient pervers qui tente d’utiliser et de manipuler le soignant pour mieux le dominer
On peut penser que le comportement est à mettre en lien avec la manière dont le sujet a été soigné par son environnement familial lorsqu’il était enfant. Dans le même temps, la personnalité d’une personne peut se retourner. Ainsi, il n’est pas rare que des patients se laissent porter lorsque, dans leur vie privée, ils ont tendance à porter les autres. L’organisation hospitalière peut entraîner un changement dans notre personnalité car les exigences temporelles ou le nombre de personnes dans la chambre peuvent déstabiliser une personne. Enfin, l’ennui peut entraîner son lot de ruminations et de déception envers les personnes dont on pensait que les liens étaient solidement amarrés à notre être.
Quelles sont les alternatives à l’hospitalisation ?
Aujourd’hui, on voit évoluer les hospitalisations à domicile : les soins sont dispensés au domicile de la personne. C’est une alternative à l’hospitalisation traditionnelle qui permet une prise en charge moins coûteuse qu’à l’hôpital et qui permet au patient de rester chez lui, près de ses proches et/ou de retrouver son animal de compagnie : cela a un impact psychologique positif. Mais un tel dispositif nécessite un projet thérapeutique porté par une équipe soignante. Or, le déficit de médecin traitant et/ou d’infirmiers libéraux dans les zones rurales ne permet pas la mise en place d’une hospitalisation à domicile (HAD). La famille joue un rôle important dans cette prise en charge car elle va participer aux soins. Même si cela apporte une qualité de soin pour le patient, les membres de la famille peuvent s’épuiser et à leur tour développer des maladies.
Pour lutter contre la désertification des visites des associations proposent de visiter les malades de manière bénévole. D’autres associations proposent des animations avec des clowns ou des animaux. Même si l’hôpital est un environnement où il y a beaucoup de passages, la personne malade peut se sentir seule et abandonnée. En effet, une personne à l’hôpital n’est pas qu’un être malade, elle reste un sujet à part entière avec des envies et des désirs.