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Comprendre les scarifications : causes et effets sur la santé mentale

Les scarifications, c’est quoi ?

Les scarifications sont à la fois un acte qui fait souffrir et un remède à la souffrance. Les personnes qui se font des incisions sur la peau, jusqu’au sang, le font souvent de manière impulsive comme une façon de se soulager d’une tension insupportable. Les scarifications touchent en majorité les jeunes adolescentes. C’est un acte radical qui donne un sentiment de liberté aux personnes qui se sentent enfermées dans un corps en souffrance. 

Dans La Revue du Praticien, les médecins Jacquin et Picherot qui exercent en médecine de l’adolescent indiquent que les scarifications sont des incisions cutanées superficielles faites par l’individu lui-même, s’accompagnant d’un écoulement de sang ou de sérosité. Elles appartiennent au groupe des automutilations sans intention suicidaire.  (…) Elles sont faites avec divers objets tranchants, lame de rasoir, cutter, lame de taille-crayon, éclats de verre, pointe de compas. Les auteurs précisent que c’est un geste à la fois transgressif et agressif par lequel le sujet retrouve une certaine représentation de lui-même et reprend le contrôle de la situation. 

Dans son ouvrage Ados : scarifications et guérison par l’écriture, Catherine Rioult souligne que les scarifications revêtent une dimension de coupure symbolique du lien entre les parents et l’adolescent, autrement-dit l’autonomisation. L’auteure ajoute que ce marquage du corps, plus ou moins agressif contre soi-même mais aussi contre l’entourage, est aussi un moyen de se réapproprier ce corps fait par les parents. 

Les scarifications sont une attaque du corps. Elles doivent être traitées avant que ce passage à l’acte évolue vers des automutilations pouvant entraîner la mort. Les personnes qui se scarifient témoignent du fait que leur intention n’est pas de mourir mais d’apaiser un corps en souffrance. Pour elles, la destructivité de cette dernière s’effectue en versant du sang. Cela serait une modalité de contrôle des sensations corporelles pour assurer sa survie psychique

Comment s’installe l’envie irrépressible de se scarifier ?

Les scarifications sont la conséquence d’un vécu de perte, d’attaque de son narcissisme ou d’une atteinte de son corps. Les moqueries et les humiliations sont des violences qui attaquent notre estime de soi et notre confiance en soi. Cela a des répercussions sur notre espace psychique qui subit une grosse pression. Les scarifications seraient un moyen de faire baisser ladite pression pour éviter toute forme de débordement émotionnel. Un débordement qui fait craindre une explosion émotionnelle impossible à canaliser.

Les impacts psychologiques des scarifications

Les personnes qui s’infligent des scarifications peuvent se sentir honteuses et coupables de leur comportement auto-agressif. Elles peuvent avoir l’impression d’être des personnes décevantes car elles ne se sentent plus dignes de l’amour de leur proche. En effet, les personnes qui se scarifient  peuvent être affectées par la honte, la culpabilité, la dépression, l’anxiété, les troubles de l’image corporelle, les problèmes relationnels et les troubles du sommeil.

Elles auront tendance à cacher les traces sur leur corps en portant des vêtements amples, des vêtements à manches longues ou de refuser de se déshabiller dans les vestiaires. Toutes ces stratégies demandent beaucoup d’énergie psychique et une vigilance accrue pour ne pas se faire prendre et être des personnes que l’on va traiter de folles.

L’anxiété de ne pas pouvoir canaliser les tensions internes peut entraîner des troubles du sommeil. Les pensées intrusives et récurrentes qui arrivent généralement à la tombée de la nuit empêchent de dormir. La préoccupation à propos de ce mal qui peut déborder à tout moment crée une hypervigilance entraînant de la fatigue et de l’agressivité. Dans de nombreux cas, le manque de concentration et d’attention rendent difficile tout processus d’apprentissage scolaire ou professionnel.

Lorsque la peur et l’hypervigilance sont présentes, la dépression n’est pas très loin. En effet, la dépression est présente chez les personnes qui se scarifient. Les symptômes de la dépression sont la tristesse, l’apathie, la perte d’intérêt pour les activités et la fatigue. Lorsque le désespoir s’installe, l’élan vital se meurt et les pensées mortifères apparaissent.  

Les lésions sur le corps peuvent avoir des conséquences graves sur la santé physique, car les lésions peuvent s’infecter et entraîner des complications cutanées. Mais les personnes qui en souffrent n’arrivent pas à se représenter de tels dangers. En effet, elles sont focalisées sur l’arrêt de la souffrance sur le moment présent ou du moins sur la maîtrise de cette dernière. 

 

Les problèmes relationnels liés aux scarifications

Les scarifications peuvent également avoir un impact négatif sur les relations avec autrui. Les personnes atteintes de ces troubles peuvent avoir des difficultés à se socialiser et à maintenir des relations amoureuses, amicales ou familiales. Elles peuvent être distantes, isolées et avoir du mal à communiquer leurs besoins et leurs sentiments aux autres. Certains peuvent utiliser les scarifications comme chantage affectif. D’autres encore, n’hésitent pas à montrer leur bras pour sidérer voire terrifier leur interlocuteur. C’est pourquoi il est important que le soin puisse concerner le sujet en souffrance et son entourage familial et/ou affectif.

 

Quel est le rôle des parents dans l’accompagnement des adolescents qui se scarifient ?

Lorsque des parents ont un enfant qui se sacrifie, certains parents ne disent rien de peur d’être rendus responsables. Ces derniers se rendent coupable alors qu’eux même sont terrifiés à l’idée même que leur enfant se fasse du mal. Les parents se sentent seuls et isolés. Dans un premier temps, ils tentent de trouver des solutions en interne avec des réactions parfois contre-productives et vont aggraver le symptôme. 

Au sein de la famille, les scarifications créent effectivement des conflits. Les parents ont à cœur de voir leur enfant en bonne santé. Un parent qui aime son enfant ne veut pas le voir se faire du mal. Ainsi, lorsque les mots ne suffisent pas et que la communication avec son enfant devient impossible, certains parents vont employer les cris, voire la violence verbale et/ou physiques. D’autres parents vont menacer de faire hospitaliser leur enfant en hôpital psychiatrique. Mais de telles pratiques ne servent à rien. Bien au contraire, elles ne font que renforcer les défenses de la forteresse dans laquelle son enfant s’est enfermé.

 

Quel est le rôle du psychologue clinicien dans l’accompagnement des jeunes qui se scarifient ?

La constatation de scarifications doit toujours conduire à une évaluation soigneuse par le médecin traitant avant un éventuel recours à un psychologue clinicien, voire à un psychiatre dans certains cas. Il ne faut jamais banaliser un tel acte. L’accompagnement du jeune et de ses parents a pour objectif de soulager la souffrance sous-jacente et d’aider le jeune à trouver d’autres moyens de résolution de sa souffrance psychologique. La recherche d’un traumatisme de l’enfance ou plus récent, à l’origine des scarifications, est à rechercher systématiquement : violences subies, maltraitance, abus sexuel, harcèlement, etc. 

Le soin consiste d’entrer en connections avec la personne, que l’on comprenne son fonctionnement et qu’on n’est pas là pour lui donner des leçons de morale qui seraient vécues comme une agression, mais de trouver ensemble des solutions pour lutter contre ces symptômes. 

Il est important de chercher de l’aide si votre enfant, l’un de vos proches ou vous-même souffrez de scarifications. Avec un traitement thérapeutique adéquat, il est possible de surmonter l’envie irrépressible de se scarifier et de retrouver une santé physique et mentale optimale pour profiter de la vie et trouver sa place dans ce monde. 

 

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