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La solitude : amie ou ennemie de notre être

Le sentiment de solitude : est-ce une histoire de personnalité ?

Nous ne sommes pas tous égaux face à la solitude. Se sentir seul à l’âge de 7 ans n’a pas le même impact que de se sentir seul à l’âge de quinze, quarante ou quatre-vingt ans. On peut penser que cela dépend de notre environnement familial, social et/ou géographique. Mais le sentiment de solitude est imprégné de la manière dont notre environnement nous a aidé à l’apprivoiser : c’est-à-dire dont il s’est révélé à nous lorsque nous étions un jeune nourrisson, puis un enfant.  

Notre histoire affective prend la forme de notre histoire relationnelle aux parents ou aux substituts qui nous ont élevés. Une personne qui a évolué dans un environnement serein et sécurisé n’aura pas le même vécu émotionnel face à la solitude. Elle y trouvera un sentiment de quiétude qui lui permettra d’être à l’aise au sein d’un groupe, et cette étape est indispensable car elle donnera accès au sentiment d’appartenance qui nous aide à vivre ensemble, à discuter et à construire des projets communs. 

Le solitaire qui choisit de l’être apprécie la compagnie des autres. Il est curieux, intelligent et n’hésite pas à solliciter l’aide des autres. Il aime être seul car il sait qu’il a les capacités d’entrer en lien dans un groupe. Les personnes solitaires aiment se retrouver avec elles-même. Elles apprécient le dialogue intérieur et les émotions qui s’y dégagent. Lorsqu’elles doivent faire des choix, elles ont tendance à se fier à leur instinct et non à l’avis des autres. 

Les personnes qui subissent la solitude ont souvent évolué dans un milieu tourmenté alors qu’elles étaient nourrisson et/ou enfant. Une période où elles se sont retrouvées seules face aux tensions,  aux maltraitances et aux humiliations dont elles étaient victimes. Pour elles, la solitude aura la valeur d’un sentiment de détresse, voire d’effroi. A l’âge adulte, ces personnes auront des difficultés à trouver leur place au sein d’un groupe car elles seront trop insécurisées pour se sentir en confiance et donc faire confiance aux autres. 

C’est pourquoi, il est important de distinguer les personnalités dites solitaires qui font le choix de l’isolement social et ceux pour qui la solitude est subie.

La solitude a-t-elle un lien avec les maladies mentales ?

Certaines maladies mentales telles que la dépression ou la phobie sociale font de la solitude un refuge pour ne pas se confronter à l’avis des autres qu’ils interprètent comme des jugements à leur égard.  Ces maladies entraînent une réelle souffrance à être en lien avec les autres et peuvent rompre tout contact avec leur groupe d’appartenance : famille, amis, collègues, etc. La solitude est vécue comme une véritable tristesse chez les personnes en fragilité psychique. D’ailleurs, l’artiste Barbara, a propos de la solitude,  a chanté :  La solitude, elle nous fait le coeur à la traîne, elle nous fait le coeur à pleurer […] Elle nous fait des matins blêmes, elle nous fait des nuits désolées. La garce. 

Certaines personnes luttent contre le sentiment de solitude pour ne pas se sentir vide dans leur être. Elles ont besoin de repères et de pouvoir se situer par rapport aux autres : comme s’il n’y avait pas la possibilité « d’être » sans le groupe à proximité. La solitude ne se réduit pas au fait d’être seul. En effet, on peut vivre un sentiment de solitude au sein d’un couple, d’une famille, d’une barre d’immeuble ou d’une grande entreprise. Être seul et se sentir seul n’est pas la même chose. Par exemple, on peut aimer rester seul face à une toile artistique et se sentir seul si l’on souhaite partager les émotions ressenties face à cette toile. 

Lors du premier confinement en mars 2020, les personnes qui vivaient seules utilisaient les réseaux sociaux pour communiquer avec leurs proches. Cela leur permettait de créer un environnement familial et/ou social proche de ce qu’elles avaient connu post-confinement. Pour d’autres, le confinement est venu renforcer le parallélisme entre solitude et tristesse, solitude et désarroi. 

Lorsque des personnes sont face à des situations de souffrances psychologiques, ils ont le sentiment de se retrouver seules face à cette souffrance. De telles situations peuvent mener au désespoir et au passage à l’acte pour y remédier. Pour cela, quelques stratégies inconscientes sont mises en œuvre telles que : l’hyperactivité professionnelle, ou sportive, les différentes addictions aux drogues, à l’alcool, aux jeux vidéos, le recours aux différents t’chats sur les forums, etc. On peut également citer le recours aux réseaux sociaux qui peut être une solution pour rencontrer des personnes étrangères qui partagent les mêmes valeurs ou les mêmes passions que nous. Mais cela ne suffit pas toujours…

Ces stratégies nécessitent une certaine organisation des tâches avec son lot de rituels permettant leur mise en place. Les rituels ont une fonction d’apaisement dans ce qu’ils ont de répétitifs car l’imprévu peut être vécu comme agent anxiogène. Par ailleurs, ces stratégies d’évitement face au sentiment de solitude  participent  à la construction d’une carapace pour se protéger de l’ennui, synonyme de vide, voire de la mort. 

Lorsqu’une personne a l’intime conviction d’être seule face à une situation qu’elle pense sans issue, alors elle peut avoir recours à la tentative de suicide ou au suicide.  Or, il n’est pas rare de rencontrer des situations de personnes suicidées et qui bénéficiaient d’un entourage présent, aimant et toujours disponible à leur égard. Dans de telles situations, l’incompréhension des proches est grande et le processus de deuil difficile car incompréhensible. 

Chez la personne en souffrance psychologique, le sentiment de solitude peut faire naître des ressentis non élaborés en lien avec des vécus de perte, d’injustice, de rejet ou d’abandon. Ces derniers, provoquent des symptômes et des angoisses en réponse à ces vécus douloureux. Lorsqu’une personne ressent un profond trou interne, elle craint d’y chuter de façon vertigineuse.

Comment lutter contre le sentiment de solitude ?

l'enfant et l'éveil

Certaines institutions, telles les Maisons d’Enfants à Caractère Sociale ou les Établissements pour Personnes Âgées Dépendantes,  accueillent des publics en proie à la solitude. Les professionnels mettent en place des médias ou des stimuli permettant de combler le vide laissé par l’absence de visites : soit de manière auditive (musique de fond), soit de manière visuelle (laisser la lumière allumée) ou encore de manière olfactive (diffuseur d’huiles essentielles). Les éducateurs et les soignants ont la difficile tâche de venir consolider les liens de réassurance et de sécurité qui n’ont pas été établis dès la naissance chez la personne dont ils assurent le suivi. Le rôle du psychologue, est d’aider le nourrisson, l’enfant et la personne âgée à pouvoir affronter la douleur d’être seul pour s’élever au-dessus de cette souffrance d’une part, et tenter de comprendre quelles sont les tensions qui menacent l’équilibre psychique et émotionnel lorsque le sentiment  de solitude apparaît d’autre part. 

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