Le 2 décembre 2016, la chaîne LCP diffusait un documentaire intitulé Zéro de conduite. Ce reportage se déroule au sein d’un établissement de placement de la Protection Judiciaire et de la Jeunesse. On y découvre des témoignages de jeunes qui parlent de leurs parcours de vie, et la manière dont les éducateurs les aident dans leur quotidien. Les professionnels, face à la caméra, expliquent leurs démarches avec les jeunes : créer un lien de confiance, les inscrire dans un processus de formation, rappeler le cadre et la loi.
Ce que révèle ce film, c’est ce que les professionnels ne disent pas et qui est exprimé par la jeune Maria :
Pour les éducateurs, c’est dur.
Dans le reportage, une dispute violente éclate entre un jeune et un éducateur : cette scène se déroule en dehors du champ de la caméra. On entend le travailleur social se faire insulter et les assiettes se briser sur le sol. Pire encore, une autre scène montre la chef de service se plaindre qu’un usager lui a craché dessus, devant trois jeunes qui rigolent..
Le professionnel qui exerce en internat sait que ce n’est pas de tout repos. L’équipe éducative doit faire face à des jeunes qui montrent des comportements violents. Certains jeunes défient l’autorité de l’adulte. D’autres font des passages à l’acte qui peuvent aller de la fugue à la scarification. Le jeune sait que l’éducateur saura l’accueillir après sa fugue, panser ses plaies s’il se taillade ou rester tard dans la nuit pour qu’il s’endorme.
L’usager qui insulte ou violente l’éducateur sait que celui-ci restera debout et saura lui pardonner pour pouvoir aller de l’avant. Je pense que le jeune a conscience qu’il fait du mal mais ignore tout du mal qu’il fait ! Les agressions, qu’elles soient mentales ou physiques, sont enregistrées dans notre corps : elles laissent des traces, voire des cicatrices. Ces dernières font souffrir si on ne les soigne pas et peuvent entraîner une dépression si on n’en parle pas. Les professionnels ont compris qu’il fallait d’abord s’occuper du corps malade avant d’aborder le reste. Mais qui s’occupe du corps des professionnels ? Comment prendre soin de personnes en souffrance lorsque le travailleur social lui-même souffre ?