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Les parents n’ont plus besoin d’éducateurs spécialisés : Super Nanny est là !

La polémique enfle. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a reçu une pétition : Pour le respect et la protection des droits de l’enfant à la télévision. Elle a été signée par plus de trois mille personnes et dénonce des faits “de violences physiques et psychiques sur des enfants”. La pétition met en cause la coach qui intervient dans l’émission Super Nanny et qui aide les parents en difficulté avec leurs enfants. Les signataires dénoncent les méthodes employées par la coach et de façon plus globale la manière dont l’émission, disent-ils, enfreint tous les droits des enfants en les montrant dans des situations dégradantes.

Il est fait mention dans cette pétition de violences éducatives infligées aux enfants pour les empêcher de crier ou de pleurer : la coach les tire par le bras ou les isole.

Cette pétition dénonce également la manière dont les enfants sont filmés dans leur intimité : “on les voit nus, partie intimes floutées, sous la douche.” Les signataires exigent que les enfants aient droit “à une vie privée”. Ces derniers “n’ont pas la possibilité de dire non” et ils subissent le consentement de leurs parents à participer à l’émission. 

​Force est de constater que la télévision s’est emparée des questions familiales. Les émissions à visée éducative touchent un large public. Indéniablement, les écrans et cette télé-réalité éducative ont une influence sur le comportement des parents et leur rôle auprès de leurs enfants. Super Nanny incarne une fonction d’éducation que les parents pensent avoir eux-mêmes perdu. C’est comme si la télévision était, comme le précise le philosophe Dany Robert-Dufour, “un troisième parent qui est devenu beaucoup plus important que les deux premiers parents”.

Depuis les dernières réformes scolaires, des parents disent : “à la maison, chacun éduque les enfants comme il l’entend.” Mais ces émissions ont changé la donne. Par le biais des écrans, les coachs s’invitent dans chaque foyer et dictent la manière d’être parent. Cela ne s’apprend pas, on le devient. Le véritable souci de ces émissions est qu’elles montrent des coachs tout-puissants qui réussissent toujours et qui ne connaissent pas l’échec. Les parents et les grands parents désemparés face à leurs enfants s’imprègnent de ces méthodes qu’ils ont “vus à la télé”. Nous entrons dans l’ère du marketing de l’éducation.

Les travailleurs sociaux doivent s’interroger sur le contenu de ces émissions et leurs effets au sein des familles. Nous devons accompagner les parents sur la perception de ce qu’ils apprennent en regardant ces émissions. Chaque cellule familiale à ses propres problématiques et donc ses propres résolutions. Le “faire comme ce troisième parent” infantilise les premiers parents et renforce l’idée de ne pas être en capacité d’éduquer ses enfants.

La pétition et ce type d’émission révèlent une certaine confusion des places. En effet, dans des situations de crise familiale entre parents et enfants, la personne tierce ou le troisième parent était représenté par le travailleur social et l’institution qui accompagnent ces familles. Aujourd’hui, ce rôle de tiers est joué par des coachs qui sont présentés comme des modèles de parents tout-puissants. Par ailleurs, les termes employés dans cette pétition font écho à des termes qu’on retrouve dans des Informations Préoccupantes envoyées à l’Aide Sociale à l’Enfance. Il n’y a qu’un pas avant de dire que le Président du CSA s’est substitué au Président du Conseil Départemental. On peut se demander si les propositions d’accompagnement n’arrivent pas à bout de souffle. Est ce par manque de créativité et d’innovation que le milieu médico-social est en panne ? Comment continuer à accompagner des parents qui ont fait le choix de se tourner vers les écrans plutôt que de dialoguer avec des professionnels ? Avec la multiplication des écrans dans les foyers, c’est bien la communication entre les individus qui est mise à mal.

Comme l’indique Dany-Robert Dufour : “Lorsque la télévision devient massivement présente au détriment d’interpellation dans la famille des plus âgés vers les plus jeunes, alors cet ordre de discours est menacé”. Les travailleurs sociaux doivent réagir  pour que le dialogue avec les professionnels ne disparaissent pas au profit des écrans et de leurs coachs.

Ci-dessous, vous trouverez une interview du philosophe Dany Robert-Dufour sur le thème : La télévision, un troisième parent.

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