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Catherine Dolto : l’haptonomie au service de l’Affect

L’être humain a besoin de se sentir confirmé affectivement, de se sentir confirmé pour le bon qu’il représente. Ce n’est qu’à ces conditions qu’il peut écouter ce qu’on a à lui dire.
Catherine Dolto.

Qu’est-ce que l’haptonomie ?

La semaine dernière, j’ai assisté à la conférence de Catherine Dolto. Le thème était Sécurité affective et Éducation. De nombreux parents et professionnels ont fait le déplacement pour l’écouter. L’objectif était de sensibiliser sur les bienfaits de la thérapie haptonomique. Celle-ci a été fondée par le chercheur en sciences de la vie Frans Veldman ; Catherine Dolto explique que l’haptonomie consiste à rassembler tout ce qui va avoir trait aux émotions, aux perceptions et aux affects contenus dans l’appareil psychique et qui forme un tout cohérent appelé Affectif. Et cet Affectif a des lois de fonctionnement dans sa manière de relier le système nerveux avec le reste du corps via le changement de tonus dans chaque cellule. C’est un travail sur le contact et la présence à distance. Mais quel lien avec l’éducation et la sécurité Affective ?

Pour nous le montrer, Catherine Dolto nous donne sa vision du monde, un monde où les personnes vivent dans une phobocratie, Un monde qui est en perpétuel mouvement et où l’humanité est une conquête. C’est pourquoi l’individu doit faire preuve de souplesse pour pouvoir affronter les événements difficiles de la vie. Pour avancer, il doit avoir une capacité à rebondir. La fille de Françoise Dolto fait le constat d’une société où la famille est fragilisée et subit en son sein certaines violences, dues notamment aux évolutions technologiques, telles que les écrans et les réseaux sociaux. D’après l’hapnothérapeute, la plupart des jeux ont de la violence et agissent sur le cerveau. Forcé de constater que ces nouveaux outils empêchent les parents de protéger leurs enfants et rendent l’éducation beaucoup plus difficile.

Pour lutter contre toutes ces violences auxquelles l’enfant devra faire face, il est primordial que sa sécurité affective soit renforcée dans le cadre de son éducation. Qu’est ce que la sécurité Affective? Pour nous l’expliquer, Catherine Dolto nous rappelle que l’intelligence est nourrie par les expériences, les perceptions, etc. Elle n’est pas qu’une question de connaissances. Elle est sensuelle en tant que récepteur de messages sensoriels. Ces derniers seront triés et catégorisés par l’appareil psychique. Cependant, c’est au parent d’aider l’enfant à trier ses émotions pour qu’il puisse les organiser à son tour et ressentir cette sécurité Affective.

De plus, Catherine Dolto nous invite à rencontrer et à accueillir l’aggredior qui loge en chacun des enfants. Elle traduit l’aggredior par l’envie de vivre, par “avoir la niaque”. Dans le cas contraire, l’enfant le vivra comme une blessure “d’âme profonde”, comme “un rejet de tout son être” nous dit-elle, et qui se traduira soit par une posture de repli en “éteignant son intelligence”, soit par une posture d’agressivité qui sera l’illustration d’un sentiment d’injustice de ne pas avoir été reconnu comme bon dans ce qu’il est. L’hapnothérapeute insiste sur le fait que l’être humain, pour bien se développer, doit être confirmé affectivement par la présence d’un adulte. Ce dernier doit l’accueillir avec bienveillance et confirmer le bon qui est présent en lui. Ces conditions feront que l’enfant écoutera ce qu’on a à lui dire.

Si un enfant qui fait des bêtises, l’adulte peut lui dire : “comment un enfant aussi intelligent comme toi fait des bêtises ? Ainsi, on confirme le bon qui est en lui.

La confirmation affective donne la confiance qui va donner la sécurité Affective. Cela va permettre à l’enfant d’agir avec sûreté, et de prendre des initiatives. Puis il sera en capacité de construire son discernement, de trier ce qui est bon ou non. Pour construire le discernement, il faut aider l’enfant à catégoriser les choses qui l’entourent. La capacité de dire non et de savoir pourquoi est essentiel dans l’éducation.

A l’issue de cette conférence, Catherine Dolto nous a donné quelques conseils pour renforcer et développer chez l’enfant son Affectif :
• Comprendre l’intention à travers les actions de l’enfant.
• Valoriser ses créations et développer son sens de la création.
• Signifier par le regard ou la parole que l’on acceuil son aggredior mais tout en le contenant. L’enfant sentira qu’il ne peut pas tout faire et qu’il est contenu.
• Partir du principe que l’enfant est intelligent et lui donner les éléments de compréhension qui le concerne pour qu’il aille bien.
• Respecter la temporalité de l’enfant.
• Sortir du jugement et dire des choses plus nuancées.
• Tenter toujours de voir le positif. Les enfants ne font pas de bêtises pour nous déranger mais pour nous questionner.

Bien sûr, les techniques utilisées dans l’Haptonomie ne nous ont pas été dévoilées. Pour les plus curieux, des journées expérimentales sont proposées. Il suffit de contacter le Centre International de Recherche et de Développement de l’Haptonomie (CIRDH Frans Veldman) situé à Paris.

Pour tout vous dire, je ne m’attendais pas à ce que Catherine Dolto vienne faire la promotion de sa technique thérapeutique dont elle est elle-même formatrice. Je m’interroge aussi sur la pertinence d’une telle thérapie. En effet, comment le thérapeute en situation professionnelle avec des enfants peut-il aborder la question de la naissance avec des parents si lui-même n’a pas réglé les comptes de sa propre naissance ? Comment apporter une sécurité affective sans un travail réflexif sur notre Affectif ? Comment le professionnel aux prises avec les difficultés du travail et de son environnement peut-il être en capacité de mobiliser une certaine intelligence sensuelle ?

A l’issue de la conférence, j’ai interpellé Catherine Dolto. Je lui ai demandé, au vu des éléments abordés, comment accompagner de jeunes adultes qui, dès l’enfance, n’ont pas bénéficié d’une éducation qui permet une certaine sécurité affective ? Elle m’a répondu : Vous trouverez les réponses dans le livre L’Haptonomie dans la Collection Que Sais-Je des Presses Universitaires de France. Dont acte. Mais pour ma part, dans ma pratique, je continuerai à écouter et à comprendre l’enfant qui souffre en chacun des adultes que je rencontre et qui, pour ne pas s’éteindre, s’exprime à travers le corps d’adulte en messages à l’acte (acte porteur d’une information).

Vous trouverez ci-dessous une vidéo de la conférence sur ce thème de Catherine Dolto en date du 2 juin 2014.

 

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