Qu’est-ce que la souffrance au travail ? Quels en sont les symptômes ?
Le terme souffrir vous paraît sans doute excessif ? Pourtant, la définition du verbe travailler quand il est employé au transitif est faire souffrir ; et la définition du verbe souffrir est “d’endurer quelque chose de pénible ou de désagréable”. Donc, on peut dire que travailler, c’est souffrir ! D’ailleurs, les expressions telles que : Je suis fatigué-e, je suis crevé-e, J’en ai plein le dos ou encore je vais craquer viennent illustrer cette réalité psychique et physique. Pourtant nous dit-on le travail, c’est la santé ? Alors, pourquoi je souffre ? Pourquoi j’ai mal à mon travail ? Qu’est ce qui ne va pas chez moi ?
Nous devons être performants, respecter les règles au travail, se conformer aux lois du droit du travail et parfois se plier à l’injustice qui règne dans le monde de l’entreprise. Car oui, l’injustice ne connaît pas de frontière : certains prennent l’ascenseur pour réussir, d’autres empruntent les marches ! Et pourtant, quelque soit le chemin emprunté pour réussir, la souffrance au travail vous prend sans crier gare. Elle entre dans votre vie d’une manière sournoise. Elle débute par des troubles nerveux que l’on associe à la fatigue, à la climatisation ou aux bruits dans le métro. Puis cette souffrance s’installe au fil du temps avec son cortège de symptômes : fatigue, irritabilité, déprime, troubles du sommeil. Jusqu’à vous amener au burnout, au surmenage…
Votre corps vient vous dire quelque chose de votre état psychique : si le corps est fatigué, votre cerveau reste très actif ! Votre réalité psychique s’emballe et se pose des questions dont les réponses restent floues :
- Quel est mon rôle dans cette boite ?
- Ce que je produis a-t-il du sens pour moi ?
- L’énergie que je dépense a-t-elle une utilité ?
- Suis-je utile dans cette entreprise ?
Toutes ces questions vous permettent de tenir face aux échecs rencontrés dans votre travail, dans la mesure où elles tournent en boucle et occupent vos méninges : de jour comme de nuit, d’ailleurs… L’échec n’est pas dangereux, il est salvateur dans la mesure où il nous aide à nous améliorer en cherchant le meilleur moyen pour résoudre cet échec. La recherche de solutions nous permet de nous lancer des défis et de nous trouver performant !
La souffrance au travail à l’heure du télétravail
La souffrance au travail est cette souffrance qui nous fait douter tant sur le registre professionnel que personnel. Les deux registres sont étroitement liés et d’autant plus aujourd’hui avec la généralisation du télétravail : ce que nous avons tenté de laisser sur le bas de porte est venu envahir notre monde personnel, notre grotte, notre repaire ; celui-là même qui nous permettait justement de se réfugier, de prendre du recul pour retourner travailler. Aujourd’hui, le télétravail est venu fracasser le peu d’espace personnel que le salarié possédait. Ainsi, notre intérieur est visité et/ou entendu, via les caméras d’ordinateurs ou les smartphones. Comment retrouver son intérieur quand il a été pénétré sans y avoir été invité, parfois critiqué par des collègues ? Notre intérieur illustre notre personnalité, notre sensibilité, nos moyens financiers aussi, et c’est l’ensemble de ces éléments qui sont vus et entendus par les autres.
Que faire face à la souffrance au travail ?
La souffrance au travail fait le lit de la dépression et des maladies psychosomatiques. C’est la raison pour laquelle elle doit être traitée rapidement avant que l’épuisement professionnel n’apparaisse. Christina Maslach définit le syndrome d’épuisement professionnel comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions : l’épuisement émotionnel, le cynisme vis-à-vis du travail et la diminution de l’accomplissement au travail ou réduction de l’efficacité professionnelle. Ainsi, il est primordial de se donner la liberté de penser là où notre travail sidère notre réflexion !
Parfois, la peur d’échouer nous paralyse et nous entraîne à faire des choix qui trahissent nos valeurs et notre éthique. Dès lors, c’est l’insatisfaction qui domine et que nous tentons d’évacuer par plus de travail ou par la fuite. Ces mouvements défensifs sont coûteux psychiquement et moralement.
Il est alors nécessaire de se faire accompagner par un psychologue pour surmonter une situation d’échec rencontrée dans un cadre professionnel. Une telle démarche demande la mise à plat d’un ensemble de facteurs liés à l’organisation du travail dans laquelle vous évoluez. C’est l’ensemble de ces éléments qui donnera une vision de votre poste et la manière dont vous l’occupez. Il s’agira ensuite de visiter les effets de cette souffrance sur vous et les stratégies déployées pour l’éviter. Si travailler, c’est souffrir, alors autant apprivoiser cette souffrance pour en faire une force qui vous mènera vers l’avant. Cela vous permettra de vous élever, d’affirmer votre identité professionnelle, et surtout d’avoir les clés pour surmonter une prochaine situation d’échec.