Pourquoi accompagner un adolescent auprès d’un psychologue ?
L’adolescence est une phase transitoire entre l’enfance et l’âge adulte. C’est une période où les fondations identitaires se construisent. Contrairement à ce que l’on pense, l’adolescence n’est pas une maladie, c’est un signe de bonne santé, même si elle peut rendre malades les adultes qui doivent y faire face ! En effet, certains adolescents entretiennent des liens à leurs parents qui sont insupportables, bruyants, provocants, voire agressifs. L’ensemble de ces comportements mettent à rude épreuve les nerfs des parents. Ces derniers se sentent effectivement impuissants à pouvoir tolérer et soigner leur adolescent. Cela peut entraîner une sorte de renoncement ou de rejet chez eux. Le psychologue peut alors jouer le rôle de tiers médiateur dans une relation parents-adolescent qui est devenue difficile.
Faire le choix d’accompagner un adolescent auprès d’un psychologue, c’est permettre à ce dernier de mettre des mots sur ses difficultés, et de pouvoir bénéficier d’une adolescence épanouie. En outre, il y a différentes sortes de raisons qui peuvent être à l’origine de ces conflits : harcèlement scolaire, divorce des parents, etc. Le psychologue sera en capacité de déceler la nature et l’origine de ces conflits. En fonction de son diagnostic, il adaptera sa thérapie. Puis, au fil des entretiens, il s’agira d’apaiser les conflits intérieurs de l’adolescent tout en l’aidant à trouver une issue favorable aux souffrances qu’il ressent. Le dialogue avec le psychothérapeute lui permettra de comprendre ce qui se passe en lui. Il s’agira aussi d’échanger sur la manière dont l’adolescent est prêt à renoncer à un monde maternant et cocoonant appelé l’enfance, pour évoluer vers le monde des adultes.
Si l’adolescent ne peut pas exprimer ses craintes, alors il risque de s’isoler et d’utiliser les actes pour le faire. Cela est une solution pour se faire entendre dans son environnement familial et/ou scolaire. Ces actes sont des alertes qui révèlent une souffrance psychique. Et si personne n’y répond, alors l’adolescent tentera d’apaiser son mal-être par la prise de produits toxiques, par des troubles du comportement ou de l’alimentation, par exemple. Si de tels symptômes persistent alors ils peuvent accentuer l’état de souffrance de l’adolescent et déclencher une dépression. Là encore, le psychologue saura différencier dans les comportements d’un adolescent les signes qui relèvent de la crise d’adolescence de ceux qui relèvent de la dépression. Voilà pourquoi il est important d’accompagner votre adolescent auprès d’un psychologue psychothérapeute.
Quelles sont les signes qui doivent alerter les parents d’adolescents ?
Les signes qui peuvent alerter sur la souffrance des adolescents en dépression sont multiples :
• L’isolement
• Les résultats et/ou les absences scolaires
• Les insomnies
• L’irritabilité
• L’agressivité
• La tristesse
• L’hyperactivité physique et/ou sportive
• …
Ce sont des signes qui peuvent survenir à la suite d’un stress majeur, comme le divorce ou la séparation des parents. D’autres situations telles que l’alcoolisme d’un parent ou encore sa dépression, peuvent contaminer l’adolescent et le rendre à son tour déprimé. Parfois, des adolescents se sentent coupables des disputes conjugales et se mettent à culpabiliser. D’autres parents n’hésitent pas à désigner leur adolescent comme l’unique responsable des conflits familiaux ou de leur dépression : C’est à cause de toi si ton père nous a quitté ou encore C’est de ta faute si je suis malade.
Les études longitudinales dirigées par Costello en 2003 puis en 2009 ont mis en évidence le fait que des enfants exposés à des expériences psychologiques néfastes risquent, à l’adolescence, de développer des troubles psychiques. Ces derniers sont associés à de l’anxiété sociale et de panique, par exemple. D’autres encore peuvent souffrir d’énurésie ou consommer des produits psychoactifs tels que le cannabis, l’alcool, la cocaïne, etc. Cette étude révèle également que la continuité des troubles de l’adolescence à l’âge adulte peuvent évoluer vers des maladies physiques et psychiques avec l’apparition de troubles oppositionnels et/ou du comportement. Les conclusions de cette enquête vont dans le sens que les enfants victimes d’expériences négatives ont des troubles persistants émotionnels. Cela accentue leur risque de maladie avec l’âge.
Cependant, il paraît important d’insister sur le fait que des adolescents ont une capacité résiliente. Ils sont en capacité de réfléchir sur ce qui leur appartient et ce qui appartient aux parents. Cela leur permet d’aller bien. Ainsi, ils ne sont pas affectés par les troubles psychopathologiques de leurs parents ou de leur environnement social. Ils ont réalisé que les conflits, les séparations ou les pertes au sein de leur famille n’étaient pas de leur faute. Ainsi, ils vivent une adolescence épanouie et ils ne craignent pas un jour d’être des adultes. Ces adolescents ont une capacité à prendre du recul sur les situations néfastes qu’ils ont vécu dans leur contexte socio-familial.
Pourquoi il est difficile pour des parents d’accompagner son enfant vers un psychologue ?
Les parents rencontrent parfois des difficultés pour convaincre un adolescent à rencontrer un psychologue. L’adolescent a souvent la sensation que d’aller voir un psy, c’est être fou ! Ou alors que ce sont ses propres parents qui ont besoin d’aller rencontrer un psychologue pour résoudre leurs conflits ou soigner leurs dépressions. D’ailleurs, la plupart des adolescents qui acceptent de consulter un psychologue le font pour trouver des réponses permettant de résoudre les difficultés de leurs parents. Ils y vont pour soigner leurs parents ou pour amener ceux-ci en consultation avec le psychologue. Dès lors, la meilleure façon de convaincre un adolescent de rencontrer un psychologue et de lui expliquer votre démarche : Tu souffres et nous n’arrivons pas à trouver une solution. Le psychologue est là pour nous aider. Mais nous avons besoin de toi ou alors Notre famille est en souffrance et c’est ensemble que nous devons aller chez le psychologue.
Il est difficile, lorsqu’on est parent, d’admettre que son enfant est triste ou déprimé. Certains parents considèrent cela comme un échec : Notre enfant est le fruit de notre amour, mais aujourd’hui, il est triste et malheureux. Cela peut être vécu comme la perte d’un idéal. Les parents souhaitent le meilleur pour leur enfant. Il est difficile de constater que son enfant n’est pas heureux. Certains adultes utilisent des stratégies pour ne pas voir la souffrance de leur enfant : placement en internat, en foyer, dire que c’est une crise et que cela va passer, etc. C’est une façon de mettre à distance ce que nous refusons d’admettre.
Un adolescent a besoin de ses parents pour “être adolescent”, c’est à dire un adulte en devenir. Pour ce faire, l’adolescent doit mettre au défi les adultes. Il a besoin de se confronter à eux, de tester leurs limites afin de pouvoir les intégrer en lui. Cela lui permettra, une fois adulte, de s’imposer des interdits et pouvoir vivre en société. L’enjeu est immense et c’est pourquoi les parents doivent relever ce défi !
Comment préparer l’enfant à aller voir un psy ?
Certains adolescents montrent leur souffrance par des phénomènes qui mettent à bout les parents : Je n’en peux plus, Il/Elle va nous rendre fou. Ces derniers sont désemparés et fatigués des provocations répétées. Elles mobilisent beaucoup de temps et d’énergie, notamment lorsqu’il faut répondre aux convocations du collège/lycée, du commissariat, etc. Certains parents ne s’y rendent plus d’ailleurs et démissionnent de leur rôle parental. Ce type de comportement est assez fréquent chez les familles monoparentales. En effet, il est difficile de mobiliser autant d’énergie lorsque l’on est seul et qu’il faille se rendre au travail, s’occuper des plus petits et répondre aux sollicitations des professionnels extérieurs, qui parfois n’hésitent pas à porter un jugement sur ces familles.
Pour préparer un adolescent à aller voir un psychologue il est important de l’éclairer sur les effets de son comportement dans la cellule familiale. Attention, éclairer ne veut pas dire culpabiliser, car l’adolescent connaît les effets de son comportement. Il faut le préparer en lui indiquant qu’il pourra discuter et donner sa version de ce qui fait souffrance. Bien sûr le psychologue l’aidera à expliquer son comportement à la lumière des faits liés à l’enfance ou à l’actuel. Préparer son enfant à rencontrer un psychothérapeute, c’est aussi s’engager en tant que parent à rencontrer un psychologue. La crise de l’adolescence est une crise qui concerne également les liens dans la famille : parents-adolescent ou adolescent-fratrie ou beau-parent-adolescent. Le psychologue est là pour prendre en compte l’ensemble des éléments qui a donné cette couleur à la crise adolescente et de cette dernière sur les liens dans la famille.
Enfin, la meilleur façon de préparer un adolescent à rencontrer un psychologue est aussi de lui indiquer que ce travail d’élaboration et de réflexion en commun peut s’arrêter à tout moment. Il est libre d’arrêter ou de continuer la thérapie. C’est aussi lui dire que le psychologue reste disponible si l’amertume qu’il éprouve évolue. La rencontre avec un psychologue ne doit pas être une contrainte. Elle est et doit rester un lieu d’accueil des pensées et des affects de l’adolescent.