Les familles se bâtissent et se construisent autour de non-dits qui potentiellement peuvent laisser penser qu’ils vont faire voler la famille en éclats. Tout un système défensif se met alors en place pour ne laisser personne citer le nom d’un oncle emprisonné, évoquer les abus sexuels d’une grand-mère lorsqu’elle était enfant ou encore dire à son cousin la vérité sur la véritable identité de son père biologique. La société dicte sa loi, la famille aussi : on ne parle pas de ce qui fait mal, quitte à sacrifier l’un des siens…
Il n’est pas rare de voir des enfants et des adolescents sacrifiés par leur famille pour avoir dévoilé un secret douloureux. C’est parce qu’ils n’ont pas respecté le pacte qu’ils sont accusés à tort des maux de la famille. Or, si les adolescents nomment ce qui fait souffrance au sein d’une famille, c’est justement pour venir signifier qu’ils ne veulent pas être enchaînés à des conflits de loyautés. Ils veulent grandir l’esprit libre.
La seule façon pour avancer est de dire les choses au risque pour l’individu de stagner, voire de régresser. Combien sont les adultes qui se sont soumis à ce pacte au détriment de leur santé ? Très souvent, les personnes concernées par des secrets ont, à l’annonce de ce qu’ils savaient déjà de manière inconsciente, le sentiment que tout s’écroule autour d’eux et qu’on leur a menti pendant des années. Cela peut laisser penser qu’on leur a menti sur d’autres choses : tout est remis en cause.
La question ici n’est pas de savoir si toute vérité est bonne à dire ou non. Mais de permettre à chaque membre de la famille et plus particulièrement aux enfants de trouver une place qui leur permet de se construire autour d’adultes fiables et en qui ils peuvent avoir confiance. Car un enfant qui évolue au sein d’un environnement où le mensonge plane, ne lui permettra pas une fois adulte de faire confiance aux autres et donc à lui même.