Un TSPT, c’est quoi ?
C’est dans les années 1980 que Richard J. Lifton et Chaim F. Shatan, deux psychanalystes américains, ont proposé les termes de Syndrome de Stress Post-Traumatique (SSPT), maintenant appelés Troubles du Stress Post-Traumatique (TSPT). Ils ont observé divers symptômes dont souffraient certains vétérans du Vietnam tels que la dépression, les troubles de l’humeur, ou des flash-backs. Un lien entre des vécus d’expériences violentes et leurs effets sur le psychisme et sur le corps fut établi. L’évolution des neurosciences a ensuite montré la manière dont les vécus à forte charge traumatique provoquent des lésions cérébrales. Ces dernières vont modifier notre perception émotionnelle dans le présent. Il est à noter que chaque personne réagit différemment et qu’un événement traumatique n’engendrera pas forcément des TSPT.
Un traumatisme, c’est quoi ?
C’est un événement réel, brutal et imprévu qui déclenche une blessure profonde associée à un vécu de mort imminente ; que l’on soit victime ou témoin. Cela provoque un trop plein de stress qui va entraîner une sorte de dissociation : certaines parties du cerveau vont se déconnecter des autres et oublier certains détails. C’est la raison pour laquelle des personnes souffrent d’amnésie lors d’un événement traumatique. L’événement traumatique peut concerner : une agression sexuelle, des coups, un accident de la route, un réveil en réanimation, … Les TSPT apparaissent dans l’après-coup à travers divers symptômes psychiques et somatiques. L’ensemble de ces symptômes devient alors une défense pour lutter contre le sentiment d’effroi éprouvé à ce moment-là.
Il y a différentes sortes de traumas : ceux qui surgissent une fois, comme une catastrophe naturelle, et ceux qui surgissent plusieurs fois, comme les abus sexuels durant une très longue période. Quel que soit le traumatisme, les troubles de stress post-traumatique amènent bien souvent les personnes qui en souffrent à adopter des manœuvres d’évitement des lieux ou des personnes. Leur objectif est de ne pas revivre la situation stressante. Malheureusement, une telle manœuvre entraîne une coupure avec ses proches et renforce l’isolement.
Quels sont les symptômes des troubles de stress post-traumatique ?
Les personnes atteintes de TSPT sont souvent prises par des bouffées d’angoisses qui les ébranlent : augmentation de la tension artérielle, du rythme cardiaque, sueur, sensation d’étouffement, etc. Ces angoisses apparaissent lors des flash-backs. Ces derniers sont réactivées par une sensation olfactive, visuelle ou auditive rencontrée dans le présent et survenue lors de l’événement traumatique. Ainsi, les traces mnésiques de l’épisode traumatique vont se réveiller, créant un mouvement d’alerte dans tout le corps et qui prendra la forme du stress : nous pouvons citer l’odeur d’un parfum qui rappelle celui de notre agresseur (viol), le bruit d’une hélice qui rappelle celle d’un hélicoptère en Irak (scènes de guerre), ou encore une montée des eaux qui rappelle une catastrophe naturelle (innondation), …
En plus du stress, d’autres troubles peuvent apparaître tels que :
- des troubles du sommeil : avec la peur de ne pas se réveiller si nous avons été victimes d’une crise cardiaque
- des troubles obsessionnels : le sujet va vérifier à plusieurs reprises que les portes et les fenêtres sont bien fermées, s’il a été victime d’une agression à son domicile
- de trouble phobique : le sujet aura une peur panique du train si il a été victime d’un déraillement.
Les TSPT font également le lit de la dépression. Cette dernière est responsable de la perte d’envie, d’intérêt et d’idées morbides qui accompagnent la personne souffrant de troubles de stress post-traumatique. Enfin, le TSPT a des conséquences sur la cognition.
Quels sont les conséquences des TSPT sur l’estime de soi ?
L’expérience traumatique sidère la pensée du sujet et bloque la capacité d’élaboration. Le sujet ne peut plus mettre de sens sur son vécu émotionnel. Dès lors, la personne gardera en mémoire des traces émotionnelles sans en comprendre l’origine puisque le phénomène de dissociation aura débranché différentes parties du cerveau et donc toute possibilité d’association entre le vécu traumatique et psychique.
En l’absence de mise en sens, la culpabilité peut apparaître. Cela survient lors d’un vécu d’impuissance, de soumission, ou d’humiliation. Ainsi, la personne va s’en vouloir de ne pas avoir réagi comme il le faudrait. Il y a donc un accompagnement à effectuer autour de ce fardeau. Par exemple, se sentir coupable d’avoir transmis la COVID à une autre personne et qui en est décédée aujourd’hui.
Il faut prendre en charge les symptômes du TSPT mais aussi ces comorbidités. En effet, il faut d’abord traiter ces dernières qui agissent comme des remparts pour éviter tout effondrement. La personne qui a vécu un traumatisme vit un véritable drame émotionnel. Elle porte le chagrin comme une seconde peau. Pour elle, le passé est effroi, le présent n’a pas de sens et l’avenir est sans intérêt.
Comment traiter les troubles de stress post-traumatique ?
Tout d’abord, après chaque épisode traumatique, il est important de rencontrer son médecin pour en parler. Certes, des symptômes tels que les troubles du sommeil, des troubles anxieux ou une hyperactivité vont se manifester : cela est normal. Mais si ces symptômes perdurent au bout d’un mois alors les TSPT sont caractérisés.
Pour accompagner une personne souffrant d’un trouble de stress post-traumatique, il est important de rappeler que traiter un trauma ne veut pas dire le supprimer, mais l’intégrer. C’est-à-dire le transformer en un souvenir susceptible d’être apprivoisé pour se sentir en sécurité intérieurement. L’objectif d’un accompagnement thérapeutique est de reprendre le contrôle sur la gestion de ses émotions et sur le cours de sa vie. Le seul objectif à atteindre est votre bien-être !
![TSPT](https://www.bouzouika.fr/wp-content/uploads/2021/05/Troubles-stress-post-traumatique-1024x1024.jpg)
Quelles sont les thérapies pour traiter les TSPT ?
Les personnes traumatisées sont capables de raconter l’épisode traumatique soit de manière désaffectivée, soit dans une version modifiée. D’autres personnes refusent de réinterroger l’événement traumatique et de revenir sur des choses terribles. Ainsi, pour faire taire et anesthésier l’innommable de nombreuses personnes recourent aux addictions telles que l’alcool ou la drogue par exemple. D’autres encore ne vont pas hésiter à adopter des comportements à risque, quitte à mettre leur vie en danger.
Aujourd’hui, les thérapies utilisées pour traiter du traumatisme sont multiples :
- TCC : Thérapie Comportementale et Cognitive
- EMDR : Eye-Movement Desensitization and Reprocessing / Désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires
- Hypnose
- …
Quelle que soit la méthode thérapeutique, il est important de rencontrer un psychiatre ou un psychologue clinicien pour vous aider à traiter les affects qui paralysent votre capacité de penser. Cela permet la mise en récit, comme une sorte d’historisation, de l’événement traumatique pour combler les blancs mnésiques où se sont engouffrés les troubles. Enfin, cette démarche doit s’accompagner d’une activité permettant la gestion du stress. Cela peut passer par des méthodes de relaxation et de méditation qui permettent de réguler les tensions dans le corps, et de mieux contrôler les moments d’angoisses lors des flash-backs. Ces derniers représentent des images liées à l’expérience traumatique.